Crise diplomatique France-Algérie : Alger dénonce un « chantage aux visas »

Crise diplomatique France-Algérie : Alger dénonce un « chantage aux visas »

Entre réciprocité diplomatique et accusations de « marchandage », les tensions entre Paris et Alger s’intensifient autour de la délivrance des visas et des accréditations consulaires.

Omar M.
Omar M. 28 Aug 2025

Les tensions entre Paris et Alger connaissent une nouvelle escalade après la décision française de réduire drastiquement ses effectifs diplomatiques et consulaires en Algérie. L’ambassade de France a annoncé, le 26 août 2025, qu’un tiers de ses équipes à Alger, Oran et Annaba ne pourraient prendre leurs fonctions à la rentrée, faute d’accréditations délivrées par le ministère algérien des Affaires étrangères. Une mesure qui se traduit immédiatement par une baisse du nombre de visas accordés aux Algériens, avec une priorité donnée aux renouvellements et aux dossiers étudiants.

#La riposte d’Alger : convocation du chargé d’affaires français

En réaction, le ministère algérien des Affaires étrangères a convoqué, le 27 août, le chargé d’affaires de l’ambassade de France à Alger. Le directeur général du Protocole a dénoncé un « grave manquement aux usages diplomatiques » et jugé le communiqué français « inacceptable » tant sur la forme que sur le fond. Selon Alger, la France a outrepassé les règles de la Convention de Vienne de 1961 en s’adressant directement à l’opinion publique algérienne pour lui attribuer la responsabilité de la crise.

#Principe de réciprocité et accusations croisées

La diplomatie algérienne affirme que la non-accréditation d’agents français n’est qu’une mesure de réciprocité. Depuis plus de deux ans, Paris refuserait d’avaliser les nominations de diplomates algériens : trois consuls généraux, six consuls et quarante-six agents consulaires n’ont pas obtenu leurs accréditations pour rejoindre leurs postes en France. Selon Alger, cette situation affecte gravement les services consulaires offerts à la diaspora algérienne et compromet leur protection.

#Le « chantage aux visas » dénoncé par Alger

Au-delà du contentieux sur les accréditations, Alger accuse Paris d’avoir transformé la question des visas en « levier central du bras de fer » bilatéral. Le ministère algérien des Affaires étrangères dénonce un « chantage » : après avoir suspendu l’accord de 2013 sur l’exemption de visas pour les détenteurs de passeports diplomatiques et de service, les autorités françaises limiteraient désormais les visas ordinaires « par le marchandage et l’intimidation ».

#Une crise aux multiples répercussions

Ce nouvel épisode s’inscrit dans une atmosphère de défiance durable. Depuis la reconnaissance par Emmanuel Macron de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, les relations bilatérales se sont profondément détériorées. S’y sont ajoutés des différends sur les facilités diplomatiques, la suspension d’accords bilatéraux et des mesures de rétorsion réciproques.

Cette crise diplomatique menace non seulement la mobilité des Algériens vers la France — qu’il s’agisse de voyages, d’études ou de projets professionnels — mais fragilise également les liens humains, économiques et culturels entre les deux pays. À Alger comme à Paris, certains observateurs estiment que la rupture diplomatique est désormais « presque consommée ».

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