Fin du calvaire administratif en Algérie

Fin du calvaire administratif en Algérie

Le gouvernement met la dernière main à « Dzair Services », une plateforme nationale tout-en-un qui centralisera les services publics numériques, appuyée par des data centers et un plan vers un cloud souverain. Objectif : simplifier les démarches, sécurise

Omar M.
Omar M. 22 Oct 2025

L’Algérie entre dans une nouvelle étape de sa transition numérique : le lancement imminent de Dzair Services, une plateforme nationale conçue pour rassembler en un seul portail l’ensemble des services publics numériques. Annoncée par Meriem Benmouloud, Haut-commissaire à la numérisation, lors de l’ouverture de l’ECSEL EXPO, cette initiative vise à mettre fin à la dispersion des sites institutionnels et au long « calvaire administratif » des usagers.

La plateforme s’appuie sur une architecture pensée pour durer : une base de données nationale, un système d’interopérabilité entre administrations et un outil d’aide à la décision pour les décideurs publics. Côté infrastructures, l’État a déjà progressé : data center opérationnel à El Mohammedia, centre de Blida en phase finale et raccordement fibre de 46 ministères et organismes, prérequis indispensables pour garantir la fluidité et la souveraineté des échanges.

L’objectif est double : d’une part, simplifier l’accès des citoyens et des entreprises aux démarches (guichet unique, suivi des dossiers, diminution des redondances) ; d’autre part, renforcer la souveraineté numérique en hébergeant les données stratégiques sur le sol national, préparant ainsi l’arrivée d’un cloud souverain au service de l’État et, à terme, du grand public.

Mais les défis restent concrets. La réussite de Dzair Services dépendra de la capacité à :

  • Assurer l’interopérabilité réelle entre administrations historiques et systèmes disparates.

  • Combler le déficit de compétences spécialisées (développeurs, ingénieurs cloud, cybersécurité).

  • Garantir la cybersécurité face aux tentatives d’intrusion déjà signalées.

  • Convaincre les organismes publics de domicilier leurs activités numériques localement.

Sur le plan politique et social, Dzair Services peut transformer la relation citoyen-État : plus de traçabilité, moins d’abus administratifs et une gouvernance mieux informée par des données fiables. Mais si la mise en oeuvre est incomplète (données fragmentées, sécurité lacunaire, accès inégal au numérique), le projet risque d’accentuer les inégalités territoriales. Il faudra donc un effort simultané sur les infrastructures (fibre, datacenters), l’éducation numérique et une communication claire vers les usagers.

Dzair Services représente une avancée structurelle majeure : guichet unique, cloud souverain et outils d’aide à la décision. Si l’Algérie confirme les déploiements annoncés et traite sérieusement les défis techniques et humains, la plateforme pourrait rapidement alléger le parcours administratif des citoyens et renforcer la souveraineté numérique nationale.