Kamel Daoud visé par deux mandats d’arrêt internationaux émis par l’Algérie

Kamel Daoud visé par deux mandats d’arrêt internationaux émis par l’Algérie

L’écrivain franco-algérien, récompensé par le prix Goncourt 2024 pour Houris, est au cœur d’une affaire judiciaire sensible entre la France et l’Algérie, mêlant accusations d’atteinte à la vie privée et diffamation.

Omar M.
Omar M. 07 May 2025

L’écrivain franco-algérien Kamel Daoud, lauréat du prix Goncourt 2024 pour son roman Houris, fait face à une série de poursuites judiciaires engagées en Algérie et en France. Deux mandats d’arrêt internationaux ont été émis contre lui par un juge du tribunal d’Oran, en mars puis début mai 2025, selon les informations confirmées par ses avocats. Ces mandats, relayés par Interpol Algérie, placent l’auteur dans une situation juridique inédite et particulièrement délicate.

L’affaire trouve son origine dans la plainte déposée le 18 novembre 2024 par Saada Arbane, une rescapée d’un massacre survenu dans les années 1990. Elle accuse Daoud d’avoir utilisé son histoire personnelle dans son roman Houris sans son consentement, violant à la fois sa vie privée et le secret médical. L’écrivain réfute ces accusations, affirmant que son œuvre relève de la fiction, inspirée du contexte de la « décennie noire » et de son vécu de journaliste à l’époque.

Une seconde plainte, cette fois pour diffamation, a été déposée à la suite d’un entretien accordé par Daoud au Figaro le 3 avril 2025, dans lequel il dénonçait un « déséquilibre judiciaire entre la France et l’Algérie » et parlait d’un « bras de fer symbolique ». Cette sortie médiatique a également conduit à une action en justice visant le directeur de la publication du quotidien français.

En parallèle, la justice française s’est saisie de l’affaire. Une première audience de procédure s’est tenue ce mercredi 7 mai à Paris, dans le cadre de la plainte pour atteinte à la vie privée, pour laquelle la plaignante réclame 200 000 euros de dommages et intérêts. Une seconde comparution est prévue le 13 juin devant la 17ᵉ chambre correctionnelle, spécialisée dans les délits de presse.

La situation de Kamel Daoud, qui possède la double nationalité franco-algérienne, soulève des enjeux juridiques, diplomatiques et éthiques majeurs. Entre fiction littéraire, mémoire collective et affrontement judiciaire, l’affaire dépasse désormais largement le seul champ littéraire.

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