Les propos récents de Steve Witkoff, émissaire spécial des États-Unis pour les missions de paix, ont enflammé les observateurs politiques. Dans un entretien diffusé sur CBS News, l’envoyé de Donald Trump a déclaré qu’un « accord de paix entre l’Algérie et le Maroc » pourrait voir le jour d’ici soixante jours.
Une annonce choc, mais à prendre avec prudence. L’idée d’une réconciliation entre Alger et Rabat, en froid depuis plus de quatre ans, refait surface régulièrement, souvent sous impulsion étrangère.
Une médiation américaine discrète, mais stratégique
Selon plusieurs sources, Witkoff ne serait pas seul à manœuvrer. Jared Kushner, gendre de Trump et artisan des accords d’Abraham, ainsi que Massad Boulos, un autre conseiller proche du camp républicain, seraient impliqués.
Washington chercherait ainsi à raviver son influence au Maghreb, dans une région de plus en plus courtisée par la Chine et la Russie.
Mais du côté d’Alger, la prudence reste de mise. L’Algérie n’a émis aucune réaction officielle, même si le président Abdelmadjid Tebboune a récemment rappelé que la fermeture des frontières n’était pas liée au Sahara occidental, mais à des raisons sécuritaires et politiques internes.
Les raisons profondes du désaccord
Depuis 1994, les tensions entre les deux voisins se sont accentuées. Les autorités algériennes dénoncent la connivence croissante du Maroc avec Israël, notamment après la signature des accords militaires entre Rabat et Tel-Aviv.
Ces accords, vus par Alger comme une menace directe pour sa sécurité nationale, ont conduit à la rupture diplomatique totale en 2021.
Le Maroc, pour sa part, continue de défendre son partenariat avec Israël comme un choix stratégique et économique, tout en espérant obtenir un soutien international plus ferme sur la question du Sahara occidental.
Une paix possible, mais à quelles conditions ?
Pour beaucoup d’analystes, la paix ne pourra être durable sans un changement profond de posture du côté marocain.
Les alliances militaires controversées, la rivalité énergétique et la guerre d’influence régionale compliquent tout scénario de normalisation à court terme.
Witkoff, lui, semble vouloir croire à une avancée diplomatique majeure avant la fin de l’année. Mais sur le terrain, le dialogue reste au point mort, et aucune initiative bilatérale concrète n’a été observée jusqu’ici.
L’annonce américaine, aussi spectaculaire soit-elle, s’apparente davantage à un ballon d’essai politique qu’à une réelle percée diplomatique.
Tant que Rabat et Alger ne trouveront pas un terrain d’entente autonome et respectueux de leurs souverainetés, toute tentative de paix imposée de l’extérieur risque de raviver les méfiances plutôt que de les apaiser.