Algérie-UE : la nouvelle course aux terres rares

Algérie-UE : la nouvelle course aux terres rares

Face à la demande croissante en métaux stratégiques, l’Algérie pose les bases d’un partenariat avec l’UE basé sur transformation locale, chaîne de valeur et technologie.

Omar M.
Omar M. 23 Oct 2025

L’Algérie franchit un nouveau cap dans ses relations économiques avec l’Union européenne. Après les hydrocarbures, c’est désormais le secteur des matières premières critiques (en particulier les terres rares) qui attire l’attention. L’UE, à la recherche de diversification de ses approvisionnements, lorgne vers Alger. Mais l’Algérie, elle, dit clairement : « conditions non négociables ».

Pourquoi les terres rares sont-elles devenues un enjeu majeur ?

Les terres rares, bien que peu présentes dans l’imaginaire collectif, sont essentielles : aimants permanents pour moteurs électriques, turbines d’éoliennes, composants électroniques, applications de défense…

L’Europe, très dépendante de la Chine sur cette filière, cherche à sécuriser ses approvisionnements.

L’Algérie : un acteur que l’on découvre ou redécouvre

L’Algérie dispose d’un potentiel intéressant en matières premières stratégiques. Des études évoquent que le pays pourrait détenir jusqu’à 20 % du potentiel mondial sur certaines terres rares.

Toutefois, ce potentiel nécessite encore d’être confirmé par des explorations systématiques. Et surtout : l’Algérie entend que l’exploitation se fasse avec valeur ajoutée locale.

Les « conditions non négociables » d’Alger

Plusieurs exigences posées par Alger lors des discussions avec l’UE :

  • Développement de la chaîne de valeur minière sur le sol algérien : l’investissement étranger ne doit pas se limiter à l’extraction, mais à la transformation et l’assemblage.

  • Création industrielle locale : l’Algérie veut bâtir une industrie capable de valoriser ses ressources plutôt que d’exporter uniquement du minerai brut.

  • Transfert de technologie et formation : la modernisation passe aussi par l’acquisition de savoir-faire, de techniques d’exploration, de transformation et de valorisation.

Opportunités et bénéfices pour l’Algérie

Si l’Algérie parvient à structurer une filière intégrée, les gains peuvent être multiples :

  • diversification économique, réduction de la dépendance aux hydrocarbures.

  • création d’emplois qualifiés dans l’exploration, la transformation, la métallurgie.

  • montée en puissance du secteur technologique local pouvant alimenter l’industrie verte.

  • partenariat renforcé avec l’UE, apportant capitaux, expertise et marchés.
    Cette vision stratégique est bien soutenue par les autorités algériennes.

Les défis à surmonter

Mais tout n’est pas acquis. Les défis sont nombreux :

  • Besoin d’explorations fiables, de ressources certifiées. Certaines annonces restent encore spéculatives.

  • Coûts élevés, complexité technique : l’extraction et le raffinage des terres rares sont coûteux, gourmands en eau, énergie et produits chimiques.

  • Enjeux environnementaux : l’Algérie devra gérer les impacts, les rejets radioactifs potentiels, et l’acceptabilité sociale.

  • Mise en place de la chaîne de valeur locale : pour ne pas rester simple mineur exportateur, le pays devra développer infrastructures, formation et cadres.

  • Alignement des intérêts : l’UE cherchera un partenariat stable, mais aussi compétitif. Il faudra donc que l’Algérie tienne ses engagements pour attirer, et retenir, les investisseurs.


L’alliance émergente entre l’Algérie et l’UE autour des terres rares pourrait marquer un tournant : non plus uniquement fournisseur d’énergie, mais acteur dans les supply chains de la transition énergétique et numérique. Si les conditions posées par Alger sont respectées et que l’exécution suit, alors l’Algérie pourrait tracer une voie judicieuse vers une économie post-pétrolière. Reste à transformer le potentiel en réalité.